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LA-BLOUSE-BLANCHE_ 2021.pdf
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Liubomir Vodenitcharov (1925-1992) occupe une place particulière dans la littérature bulgare. Partagé entre le travail acharné et le dévouement du médecin, entre sa nature émotionnelle de poète et le regard pénétrant du satiriste, il a dédié toute son énergie vitale, son talent et ses compétences à la fois à ses patients et à la littérature.
Voyageur passionné, il a parcouru les mers, les océans et de nombreux pays. En tant que médecin, il était toujours au service de ceux qui avaient besoin de son aide : avant tout les personnes les plus humbles, mais aussi toutes les autres, comme par exemple la famille de l’empereur Hailé Sélassié, lors de son séjour en Ethiopie. Dans le domaine littéraire, il rêvait de briser les frontières, établissant des contacts directs avec les écrivains étrangers qu’il rencontrait en cours de route. Je me souviens de lui, tremblant d’excitation, en attente d’une publication de sa traduction des nouvelles de trois écrivains argentins qu’il avait rencontrés lors d’un de ses voyages.
Ses œuvres, publiées dans des différents recueils : Entre le cœur et les mots (1979), La Mer (1981), dans les nombreux journaux nationaux, ainsi que le Premier prix qu’il avait remporté au Concours national d’humour et de satire en 1965, lui ont apporté de la joie et une certaine reconnaissance, mais ne l’ont jamais amené à faire des compromis avec sa conscience. En lisant ses manuscrits, on comprend qu’il n’a aucunement cherché à plaire aux institutions officielles de l’Etat totalitaire dans lequel il vivait, ou aux maisons d’édition, trop occupées à l’époque par l’activité idéologique prédominante. Il aimait son pseudonyme littéraire Cactus, qui lui assignait tacitement une place solitaire, dans un genre littéraire rare et difficile. Ses manuscrits ont partiellement été publiés à titre posthume dans les recueils de poésie La Blouse blanche (1999) et Devinettes (2008), ainsi que dans le recueil de nouvelles l’Hymne (2015).
Ni l’intense attente, ni la joie d’une nouvelle publication, ni un refus, ne pouvaient le détourner de la voie qu’il s’était tracée en tant qu’écrivain. Son parcours, les situations et les personnages de ses œuvres s’inscrivent dans le XXe siècle ; mais les idées humanistes et universelles qu’il a passionnément défendues, ainsi que les défauts de l’homme et de la société qu’il dénonçait en tant que satiriste, lui confèrent une place dans le présent et le futur.
Écrit en 1964, son poème La Blouse blanche, dédié aux travailleurs de la santé, est une œuvre poignante, d’une actualité et aux résonances particulièrement fortes et prémonitoires. On ne peut compter le nombre de poèmes dans la littérature classique, dédiés à la mer, au printemps, aux fleurs ou au ciel étoilé... Mais combien y a-t-il d’œuvres, dédiées à ces sentinelles anonymes qui veillent sur nous et nous soignent jour et nuit ?
À l’été 2020, en pleine crise de COVID-19, quand le monde entier applaudissait les soignants aux fenêtres, le grand écrivain français René de Ceccatty écrit ceci :
« Ce très beau poème [La Blouse blanche] on pourrait le réciter chaque soir, pour accompagner les applaudissements au corps médical. Il correspond tellement à la situation terrible et c’est un message d’espoir ! »
Le rédacteur
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